Les jeux Olympiques d’hiver de Pékin sont officiellement ouverts depuis le 4 février dernier. Après des mois d’incertitude du fait du contexte sanitaire lié à la Covid-19, cette 24e édition des JO d’hiver va finalement bel et bien se dérouler. Bien que très attendus, ces jeux sont toutefois au cœur d’une vive polémique. En effet, si Pékin s’était engagé à organiser une édition « verte », elle pourrait être parmi les moins durables de l’histoire selon l’avis de Life ONG. Explications.
Une compétition verdie, en théorie
Le vendredi 4 février 2022 a signé l’ouverture des JO de Pékin. Cette édition se déroule sur les sites olympiques de Yanqing et Zhangjiakou, des régions réputées pour leur sécheresse hivernale et sans neige. Pour autant, le comité d’organisation de Pékin 2022 s’est engagé à « verdir » la compétition grâce à des moyens « respectueux de l’environnement, fédérateurs, ouverts et propres ».
Pour cela, Pékin a décidé de réutiliser huit sites des JO d’été de 2008. On peut à ce titre évoquer le « cube d’eau » des épreuves de natation qui a été transformé en cube de glace pour l’épreuve de curling. En outre, l’ensemble des sites de compétition sont alimentés intégralement par de l’électricité verte.
Des moyens techniques contre-nature
Pour autant, malgré ces engagements louables sur le papier, certaines pratiques sont dénoncées, à l’image de Delphine Batho, la porte-parole de Yannick Jadot, qui déclare que les jeux de Pékin sont « un bel exemple de greenwashing ».
En effet, le coût environnemental de ces jeux est considérable. Pour pallier le manque de neige, pas moins de 100 générateurs de neige et 300 canons ont été mobilisés car les régions des sites chinois n’ont pas de neige ! Les épreuves vont ainsi se dérouler sur des pistes de neige artificielle. Pour cela, les appareils utilisés ont consommé pas moins de 185 millions de litres d’eau, soit l’équivalent annuel d’une ville chinoise de 12 000 chinois !
Carmen de Jong, géographe à l’Université de Strasbourg, explique ainsi que « ces jeux seront parmi les moins durables, parce qu’ils se tiendront dans un environnement sans neige naturelle et dans un climat extrêmement aride ».
En outre, pour pouvoir installer les pistes de ski alpin de Yanqing, la Chine a abattu près de 20 000 arbres au cours des dernières années. Pékin a rapidement réagi à cette polémique en s’engageant à transplanter les arbres dans une autre zone de la montagne. Pour autant, les conséquences sur la biodiversité pourraient être hautement dommageables…
Les Jeux olympiques d’hiver sont-ils menacés ?
Bien loin de n’être qu’une simple compétition sportive, les jeux olympiques sont aujourd’hui des outils politiques majeurs. Pour Delphine Batho, « il est capital que les pays qui organisent ces événements se préoccupent du respect de la démocratie, de conditions sociales acceptables mais aussi de l’environnement. Ces Jeux sont une démonstration spectaculaire de l’aveuglement et du refus de la Chine de prendre en compte l’urgence climatique ».
Les sportifs et les organisations environnementales regrettent le choix de destinations qui ne se prêtent pas à certaines épreuves, d’autant que certaines offrent les conditions requises. Les décalages avec l’urgence climatique ne sont désormais plus entendables.
Selon les prévisions, seulement dix sites sur les 21 ayant accueillis des JO d’hiver depuis 1924 seraient susceptibles de réunir les conditions nécessaires pour les épreuves d’hiver d’ici 2050. Pire encore : selon une étude publiée dans « Current Issues in Tourism », seule la ville de Sapporo au Japon serait suffisamment froide et enneigée pour accueillir des jeux d’ici la fin du siècle.